Affluence touristique pour la visite des grottes de La Balme, au sein de l'Isle Crémieu en nord-Isère. Audrey et Corine, animatrices nature du Département de l'Isère, proposent une alternative à ciel ouvert. Audrey anime un kiosque ludique dédié aux espèces sauvages de la région, dont la chauve-souris. Corine accompagne une randonnée à la découverte de la biodiversité de l'ENS des Coteaux de Saint-Roch.
UN KIOSQUE, UNE ANIMATION
Audrey a installé un stand à l'effigie des ENS de l'Isère à l'entrée de la grotte. C'est le bon spot pour obtenir des explications sur les espaces naturels sensibles et des informations sur la campagne d'animations gratuites qui s'y déroule chaque année. Le jeu de la chauve-souris stimule les amateurs de devinettes. Un grand dessin dévoile un spécimen, doigts écartés, et l'on apprend ce qu'est le targus et le patagium. Déjà Corine prépare sa randonnée orientée sur le végétal.
GRIMPER DE FEUILLES EN FEUILLES
Un sentier abrupt et étroit grimpe en lacets jusqu'au plateau calcaire qui surplombe la grotte et la vallée du Rhône. Petite halte pour une distribution collective : chacun reçoit une feuille d'arbre dans un large éventail d'espèces. Il s'agit de trouver un échantillon similaire le long du chemin. L'exercice est moins facile que l'on imagine et l'on prend conscience que chaque feuille d'érable est différente. Il s'agit aussi de reconnaître un arbre comme une entité vivante avec son identité et son unicité.
UN MILIEU, DES ARBRES
Cornouiller sanguin, érable champêtre, érable de Montpellier, tilleul, troène sauvage ponctuent le cheminement. De nombreuses espèces se sont enracinées sur une falaise aride et calcaire de l'Isle Crémieu. L'érable de Montpellier profitant d'un versant ensoleillé trouve ici sa limite d'extension septentrionale. Le cornouiller résiste bien à la sécheresse. Quant au tilleul, il s'accroche et retient le sol rocheux entre ses racines, limitant les glissements de terrain. Entre les roches, les plantes aromatiques s'épanouissent. C'est toute une biodiversité méridionale sur ce coteau exposé au sud.
POTION MAGIQUE ET BÉNÉFIQUE
Le lierre apporte aussi sa contribution. Sacré lierre ! Ses feuilles brouillent les pistes. Lorsqu'elles sont stériles, elles arborent 3 à 5 lobes. Florifères, elles en ont un seul. Et ne dites plus que le lierre étouffe l'arbre. Faux ! C'est un allié de l'arbre qui abrite des insectes se nourrissant de ses parasites. C'est même un allié ménager. 50 feuilles de lierre grimpant (riche en saponine) infusées dans 1 litre d'eau donne une lessive naturelle. Les anciens savaient utiliser les plantes sauvages les plus communes. L'aubépine, par exemple. Avec ses feuilles on fait des tisanes, avec ses baies des confitures. Vous trouvez facilement ces espèces communes le long des chemins. Ne prélevez qu'une petite quantité de feuilles ou de fruits par arbre. Les oiseaux et de petits mammifères s'en nourrissent. Assurez-vous toutefois qu'il s'agit bien de la bonne espèce végétale !
MORT ET MORT-VIVANT
L'ascension se poursuit à travers un cimetière de buis centenaires. Leurs feuilles ont été dévorées par la Pyrale du buis. L'invasion de cet insecte a fortement diminué la biodiversité. Au sommet, c'est un panorama grandiose sur les agglomérations de Lyon et de Grenoble. On surplombe la centrale nucléaire de Creys-Malville, avortée suite à l'un des premiers combats écologiques de la région. Arrêt devant un arbre mort mais grouillant de vie. Hommage à cet hôte en décomposition, à la fois garde-manger et refuge pour des cloportes, des fourmis, des insectes xylophages, des reptiles, des oiseaux...