Aux Seiglières avec d'anciens détenus

Seiglières
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Moment de respiration dans un environnement naturel pour des personnes en aménagement de peine. Une animation nature du Département de l'Isère programmée dans l'espace naturel sensible du marais des Seiglières, en Belledonne, sur les hauteurs de Saint-Martin-d'Uriage.

AU DÉPART DE L'AUBERGE DES SEIGLIÈRES

Ils sont trois volontaires aujourd'hui à suivre cette animation nature vers l'étang des Seiglières. Celle-ci a été organisée en lien avec l'association grenobloise AJHIRALP pour l'insertion des personnes en difficulté et se réalise avec l'accompagnement bienveillant d'Hélène Coquel. Sur le parking, Antoine Davière, l'animateur nature du Département, explique ce qu'est un espace naturel sensible, espace remarquable à préserver et à valoriser. Le groupe part en file indienne dans la forêt touffue pour rejoindre un point de vue dégagé.
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LA VUE, LES BRUITS ET LES ODEURS

Pour des personnes qui ont été incarcérées, une vision panoramique qui englobe les montagnes au loin, la vallée en bas avec son agglomération est une réjouissance et l'occasion de se ré-approprier des repères au long cours. Une manière de renouer avec l'horizon. Amenuisés lors de l'enfermement, les 5 sens sont grandement mobilisés en forêt. Chacun se régale des odeurs d'humus, de mousse et de plantes aromatiques. Et savoure la pureté de l'air. Les bruits aussi différent grandement de ceux de l'incarcération, métalliques et froids. Ici, la bande-son raconte la vie, il y a le vent, les oiseaux, l'eau, les cloches des brebis... Alain tente toutefois de reconnaître au bruit de son moteur la voiture qui passe sur la route en contrebas...
 
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L'ARBRE, LE BUCHERON ET L'ÉCUREUIL

Antoine passionne le groupe en expliquant comment évaluer la hauteur d'un arbre en mesurant le diamètre de son tronc. Utile pour les bucherons qui doivent abattre un arbre en évitant les dégâts lors de de sa chute. Originaire de la Martinique, Loïc n'a guère eu l'occasion jusqu'à présent de découvrir la forêt de la métropole. Celle-ci ne l'impressionne pas trop toutefois. Il est habitué à une jungle encore plus luxuriante. Mais tout l'intéresse. Il s'étonne de la façon dont l'écureuil coupe la coquille de la noisette en deux, tout net, pour la décortiquer. Antoine ramasse un reste de cône d'épicéa et explique comment on reconnaît qu'il a été mangé par un écureuil ou grignoté jusqu'au centre par un mulot. On sent bien que la nature prend le dessus et imprègne de plus en plus le groupe... Il y a de la détente et une douce euphorie s'installe.
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UN PIQUE-NIQUE À L'ÉTANG ET DES PATOUS

Bonheur d'arriver à l'étang des Seiglières qui dévoile tout son romantisme de roseaux et d'arbre penché sur l'eau. Euphorie encore, surtout qu'il est temps de partager le pique-nique. Loïc demande s'il peut fumer. Par respect pour la nature ? La descente au parking se fait en passant devant le troupeau de brebis parqué derrière le refuge, sous la bonne garde d'un couple de patous. Des patous ! Pour Alain c'est un chien des montagnes des Pyrénées et plus précisément le chien de Belle et Sébastien. Une référence du siècle dernier ! Et l'on parle du loup. Forcément.
 
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UN TEMPS DE PLAISIR ET D'ÉCHANGE

La file indienne sur le sentier terreux reprend, entre les fougères, les orties et les mousses. S'ajoutent des coulées de lichen, des bosquets de framboisiers et des buissons de myrtilles évoquant un sol acide et granitique. Nous sommes en Belledonne pas dans le Vercors calcaire. Loïc, Alain et Christophe gardent les yeux ouverts. Hélène Coquel se réjouit de les voir oubliant pour un temps leurs tourments : « C'est un moment de respiration. Ces sorties permettent aussi d'échanger entre nous de manière plus naturelles et authentiques, de se connaître différemment. Cette connivence est précieuse. Mais c'est avant tout de plaisir dont il s'agit, plaisir d'être en pleine nature, plaisir d'avoir fini la randonnée pour Alain qui a pris sur lui alors qu'il souffre d'asthme. » Dans la nature une parole simple se libère, des souvenirs d'enfance remontent et les émerveillements se succèdent. C'est un temps de respiration.