DÉCLINAISON AUTOUR DE LA CHÂTAIGNE
Le sentier grimpe à travers les hêtres et les châtaigniers. L'occasion pour Corine d'orienter l'observation sur les arbres locaux. Quelques consignes et explications mi-anglais, mi-français, un peu de russe aussi, des gestes explicites et une invitation à appréhender la nature en touchant un tronc d'arbre, en prenant une bogue de châtaigne en main, en cherchant les faînes au pied du hêtre, en comparant la feuille du hêtre et celle du châtaignier. Et pour s'en souvenir, chacun peut coller feuilles et fruits sur un petit herbier... Le châtaignier intrigue avec sa feuille au contour en forme de dents de scie, sa bogue qui se défend avec des piques, ses fruits qu'il faut faire cuire... Les protagonistes osent à peine goûter à la crème de marron apportée par Corine. Méfiance ! Mais c'est tout de même une bonne surprise.
RITES INITIATIQUES ET INTÉGRATION
Au fil du chemin, ce sont des comparaisons. On apprend, par exemple, qu'il y a des châtaignes au Bangladesh. Mais pas de tigres en Isère !
Cette sortie constitue pour ce groupe de ressortissants étrangers, un moment agréable, mais aussi un outil d'apprentissage de la nature et du respect de l'environnement. Il y a des gestes à connaître, de nouveaux réflexes à acquérir. Ne pas jeter un papier par terre dans la forêt, par exemple... Au sommet du chemin, halte dans la clairière. Corine propose une marche guidée les yeux bandés, puis en suivant un fil d'Ariane. Certains ne peuvent pas s'y résoudre et avancent les yeux ouverts. Les autres quittent leur bandeau pour découvrir le paysage de l'étang ! Belle surprise et un moment de silence pour en profiter.
UNE NATURE MOINS EXHUBÉRANTE
Quelques grenouilles s'agitent au bord de l'eau, voici un coléoptère et des punaises d'eau. Mais rien de spectaculaire ! Pour Antonio d'Angola cette nature iséroise est bien paisible et un peu vide. « On dirait un parc, pas un espace sauvage, remarque Endurance du Nigéria. » Chez lui, la forêt grouille d'animaux, chaque pas dérange des insectes, des batraciens, fait fuir un mammifère, les arbres et les plantes sont immenses... Comme l'explique Corine, ici la nature est plus secrète mais tout aussi grouillante de vie. Il suffit de se pencher, se faire discret, observer, deviner, chercher des traces, faire des recoupements et des déductions pour comprendre les cycles, les passages, les mœurs.
UN BAIN D'ARBRES INSPIRANT
La matinée se termine par une création collective de land-art au milieu de la clairière, en posant à tour de rôle des bouts de bois morts glanés au sol. Chacun se prend à ce jeu qui ressemble à un rite dans la nature. Une œuvre entre mandala et construction. Le pique-nique en partage consolide ce groupe éphémère. Un temps suspendu au sein d'un quotidien et des histoires difficiles. En marge de la découverte d'un nouvel environnement commun, chacun vient de raviver la mémoire de la nature de son pays d'origine. Un bol d'air et un nouveau pas vers l'intégration.